« Il n’y a aucun signe de liberté pour ces vies innocentes » : Plaidoyers pour les chrétiens toujours en captivité au Nigéria

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Après la libération des 344 écoliers enlevés par Boko Haram, différents défenseurs des droits de l’Homme, prennent la parole pour alerter sur la situation du Nigeria. 

Plus de 300 écoliers ont été enlevés par des hommes armés appartenant à Boko Haram dans le nord-ouest du Nigéria dans la nuit du 11 au 12 décembre dernier. Les jeunes nigérians ont finalement été libérés le 15 décembre.

Une bonne nouvelle qui suscite cependant des réactions et vient raviver la question des enlèvements de chrétiens perpétrés précédemment dans le pays et notamment, l’enlèvement des écolières de Chibok et de Leah Sharibu, qui sont toujours captives de Boko Haram.

Le président de l’Association chrétienne du Nigeria (CAN), Supo Ayokunle, s’est confié à Christianity Today à ce sujet, affirmant que le gouvernement avait toujours « le fardeau moral » de les faire libérer.

« Le gouvernement a toujours le fardeau moral de faire libérer Leah Sharibu et les autres filles Chibok de captivité. Nous prions pour [notre] président pour un avenir meilleur et une nation plus sûre. »

Supo Ayokunle se réjouit de la libération des garçons mais insiste sur le fait qu’il « reste encore beaucoup à faire ». Il exhorte notamment le gouvernement nigérian à « accorder une grande valeur à toutes les vies ».

Peter Hawkins, représentant de l’UNICEF au Nigeria a lancé un appel à libérer tous les autres enfants détenus par Boko Haram. Dans sa déclaration, s’il affirme « être soulagé » par la libérations des 344 écoliers, il ajoute « que tous les enfants retenus captifs au Nigeria devrait être libéré ».

« Les écoles doivent être sûres. Les enfants ne devraient jamais être la cible d’attaques et pourtant, bien trop souvent au Nigéria, ils sont précisément cela - victimes d’attaques contre leurs écoles. »

Il a appelé le gouvernement nigérian à mieux protéger les écoliers « pour faire en sorte que les écoles soient sûres et que tous les enfants nigérians puissent apprendre sans crainte ».

Une déclaration qui fait écho à celle d’Emmanuel Ogebe, avocat international des droits humains, a déclaré dans des propos rapportés par Christianity Today, qu’il saluait la libération des écoliers, tout en étant préoccupé « par le fait que la nation reste toujours ravagée par une telle insécurité qu’une atrocité plus grande que Chibok pourrait encore se produire au Nigeria six ans plus tard ».

« La nation ne peut pas continuer à être tenue en rançon en raison de la vulnérabilité de nos écoliers sous les yeux de la communauté mondiale à chaque caprice des terroristes. »

Il rappelle qu’à Chibok « où plus de 90% des filles chrétiennes ont été enlevées, 112 sont toujours portées disparues plus de 6 ans après ». Il évoque également à son tour le cas de Leah Sharibu, écolière chrétienne portée disparue depuis plus de 3 ans. Il insiste sur l’appartenance religieuse chrétienne de celles qui sont toujours captives.

« À Chibok, où plus de 90% des filles chrétiennes ont été enlevées, 112 sont toujours portées disparues 6 ans et plus. A Dapchi, où plus de 90% des filles musulmanes ont été emmenées, elles ont été renvoyées en un mois et seule l’écolière chrétienne Leah est toujours portée disparue depuis trois ans maintenant. »

Face à cette différence de traitement entre les chrétiens et les musulmans, l’avocat se demande comment cela peut-il engendrer « un sentiment de justice, d’équité et d’égalité pour les personnes de différentes confessions au Nigéria. »

Le président de la Para-Mallam Peace Foundation, Gideon Para-Mallam, s’est également confié à Christianity Today à ce sujet, il a affirmé être « heureux » d’apprendre la libération des écoliers nigérians mais que cette nouvelle avait tout de même « apporté de la tristesse  » dans son coeur évoquant les « nombreux chrétiens qui sont toujours en captivité ».

Gideon Para-Mallam questionne la valeur des citoyens aux yeux du gouvernement, il se demande si les musulmans ne sont pas traités « plus favorablement » que leurs « homologues chrétiens », avant de rappeler les cas d’enlèvement de chrétiens ces dernières années. Il déplore qu’il n’y ait « aucun signe de libertés » pour ces victimes de persécution.

« Pensez aux filles Chibok, dont environ 103 sont portées disparues depuis plus de six ans maintenant. Depuis avril 2014, Leah Sharibu et Alice Ngaddah ont toutes deux été détenues pendant près de trois ans; Grace Tuka depuis un an et demi; Lilian Daniel Gyang pendant un an avant le 9 janvier. Le pasteur Polycarp Zongo et deux femmes enlevées en octobre. Pourtant, il n’y a aucun signe de liberté pour ces vies innocentes. »

C.P


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